’’briser le plafond de la
mise à la retraite…’’
En
cette période d’abondance d’emplois et de rareté d’une main d’œuvre qualifiée
et rapidement opérationnelle qu’en est-il de la réinsertion professionnelle des
seniors et des Baby-Boomers ?
Deux
adages Algériens disent en substance : ‘'Celui qui est né avant toi connait
une ruse qui lui permet d'aller plus loin'' et ''si tu veux ne plus souffrir
d’un des maux que ton médecin n’a pu guérir, questionne celui qui en a déjà souffert’'.
Les deux pourraient s’appliquer aux retraités du Québec qu’ils soient
séniors ou baby-boomers. Leur capital expérience, leur maîtrise de bien des
techniques de travail sont encore d’actualité et ils sont en mesure de les
ajuster et de les mettre à jour pour peu qu’on leur accorde la possibilité de
se recycler. Cependant, il faudra au préalable se libérer des mythes, des
préjugés et examiner les facettes positives de cet éventuel retour au travail,
en plus des autres facteurs qui réduiraient les déficits en main
d’œuvre telles que l’immigration, l’automatisation, la robotisation et la
numérisation.
Bien
des aspects de cette problématique ont été abordés dans pas moins de deux
ateliers du colloque des professionnels de l’employabilité de Quariera, organisé
par AXTRA,
l’alliance des centres-conseils en emploi, qui s’est tenu du 21 au 23 février
2018, en Estrie.
Les
apports, les gains et au moins le professionnalisme de ces catégories de
retraités ont été explorés
sous l’œil expert de deux conférencières du centre Le
Pont, de Trois Rivières, Lori Varin-Dupuis[i]
et Daliane Turcotte-Guimond[ii].
Il en résulta entre autres que les générations des seniors, des baby-Boomers et
les suivantes se succèdent sans transitions réfléchies et soutenues alors que
les irritants intergénérationnels observés sont souvent qualifiés de ‘’choc
des générations’’.
Par
ailleurs, bien des facteurs en lien avec les transformations de la société
Québécoise n’ont été abordés que très brièvement même si leurs impacts sur le
monde et notamment la force de travail constituent des entraves à la croissance
de la productivité. À titre indicatif, il faut citer les effets de l’urbanisation,
ceux des guerres sur la féminisation de l’industrie, les échanges
internationaux qui ont été renforcés depuis la première guerre mondiale et
enfin le développement croissant des industries de l’armement et de
l’agroalimentaire. La culture et les valeurs industrielles ont été
fondamentalement modifiées et continuent de l’être.
Les discussions de l’un des ateliers portaient sur ‘’la
richesse de l’âge et ses nombreux visages’’. Elles ont disséqué
bien des segments de ce thème sous la conduite de Chantal Proteau, Linda Cyrène et Chantal Hains du Comité
consultatif des 45 et +[iii].
Dans leur présentation les conférencières mentionnent que ‘’ce secteur connaît bien les
enjeux liés aux travailleurs expérimentés, puisqu’ils représentent une
proportion non négligeable’’.
Il est clair que dans ‘’un contexte de rareté de
main-d’œuvre, les travailleurs de 45 ans et plus représentent une richesse
inestimable pour répondre aux défis économiques et humains des entreprises’’.
Des schémas de prise en charge pourraient être examinés profondément pour faire
la transition entre les jeunes générations et les autres, sachant que les
jeunes et les moins jeunes d’aujourd’hui seront les adultes de demain.
Au cours des échanges, le capital expérience des
séniors et des baby-boomers a été mentionné et le fait que la réinsertion
professionnelle devrait leur être facilitée pour au moins trois raisons spécifiques :
la première étant qu’ils ne coutent pas chers parce qu’ils veulent travailler à
temps partiel pour un revenu complémentaire à ce qui est leur ‘’pension
retraite’’ ; la seconde est plus pratique du fait que ces
catégories de travailleurs offrent ’’un gain
de temps’’, ce qui veut dire une rapidité
d'exécution et d'économie de temps que peut accomplir un employé expérimenté dans
la réalisation de ses tâches au vu de ses habiletés, de ses expériences et de ses
maîtrises des processus de travail ; la troisième est qu’il existe deux niveaux
d’intervention ou d’emploi des seniors, le premier est celui de l'encadrement
et le second est celui des opérationnels. Il faudra y prêter une attention
spécifique.
Pour terminer, un autre chantier de réflexion
devrait concerner le concept même de la retraite. En effet, la modernisation de
la législation du travail est à revisiter pour reformuler les modalités de la
mise à la retraite de tous les travailleurs en ’’brisant
le plafond de la durée du travail’’ et ne parlant plus de la limite
d’âge (55, 60 ou 65 ans) mais des annuités des activités, soit 25, 30, 35 et 40
ans.
Ferid Chikhi
[i] Lori Varin-Dupuis du
centre LE PONT détient un baccalauréat en psychoéducation de l’Université du
Québec à Trois-Rivières et est étudiante à la maîtrise en psychoéducation.
[ii] Daliane Turcotte-Guimond du centre LE PONT est
détentrice d’un baccalauréat en relations industrielles de l’Université de
Montréal.
[iii] Chantal Proteau du comité consultatif 45 et+. Conseillère
d’orientation depuis 16 ans elle est directrice depuis 10 ans de la Coalition
des 45 ans pour l’emploi à Drummondville.
Chantal
Hains du comité consultatif 45 et +. Directrice principale, projets et liaison
avec les partenaires main-d’œuvre, au Conseil du patronat du Québec.
Linda
Cyrenne du comité consultatif 45 et +. Directrice générale du Comité sectoriel
de main-d’œuvre de l’industrie textile du Québec depuis 2010.