‘’Surqualifié mais ... ’’
Pour les candidats algériens, du moins ceux qui n’ont pas pu ou su décrocher l’emploi postulé, il revient souvent cette affirmation que les recruteurs ou les personnes en charge du recrutement - en général celles et ceux qui donnent le ‘’La’’ au service des RH - et les superviseurs dans les PME, beaucoup plus que les patrons, craignent pour leurs postes dés qu’ils découvrent les qualifications et les expériences détenues ou acquises par les algériens. Le terme générique qui revient le plus souvent lorsqu’ils font leur suivi est ‘’surqualifié’’, accompagné d’un ‘’nous avons besoin de quelqu’un qui maîtrise suffisamment l’anglais’’.
Dans mes rencontres, avec un grand nombre employeurs, confrontés au phénomène de la pénurie de main d’œuvre, ce sont essentiellement les expériences acquises hors du Québec qui les interpellent. Ils craignent qu’elles ne soient pas au niveau des besoins techniques de leurs entreprises. Une catégorie d’employeurs évoque sans la nommer leur peur des attitudes socioculturelles, que portent ces candidats. Quelques-uns m’ont tout simplement dit ‘’Ils ne répondent pas à la culture de l’environnement socioprofessionnel’’, en d’autres termes à ‘’la culture d’entreprise’’.
L’un d’entre eux - patron d’une PME de 32 employés - m’expliquait qu’il avait recruté des marocains - deux informaticiens et une préposée à la documentation technique (mère de deux enfants. Elle portait le voile.) – ‘’Fort compétente’’, m’a-t-il dit, « « je n’ai pas eu de difficultés à l’intégrer et à lui accorder des facilités ; mais jamais pendant deux années consécutives ils - les trois - n’ont participé aux ‘’regroupements sociaux et de ressourcement’’, pourtant payés par l’entreprise et aux deux ‘’parties de Noël’’. Ils ont invoqué des raisons de gêne, d’intégration au groupe, de consommation de produits alimentaires servis durant ces rencontres ... »»
Le pire, avait-il poursuivi. « « C’est que lorsque l’un des employés fêtait son anniversaire, ils n’étaient jamais présents. Avec les employés les plus anciens nous avons décrypté le message suivant : ‘’Nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde’’. Un jour, la dame est partie sans prévenir. Je l’ai remplacée par une autre, une algérienne. Mère, elle aussi, de deux enfants. Elle ne portait pas le voile mais était très pieuse et pratiquante. Depuis, elle fait partie de l’équipe de gestion. Elle est toujours présente aux rencontres sociales. Avec son conjoint, elle en a organisé une autour de la cuisine algérienne. Un moment inoubliable. J’ai offert à son conjoint de rejoindre l’entreprise, mais il aime la place où il travaille. Dans ce type de cas les spécialistes en comportement organisationnel parleraient de ‘’cadre de références’’. »»
À suivre
Ferid Chikhi
Le 25 août 2011